FINANCER + AI + FR = FINANCERAI.FR
6 choses surprenantes sur les contrats Futures que même les investisseurs avertis ignorent souvent
Le mystère du double prix Quiconque observe les marchés financiers a déjà remarqué cette curiosité : le cours de l'indice CAC 40 et celui de son contrat Future, le FCE, ne sont jamais identiques. À un instant T, l'un peut s'afficher à 8 000 points tandis que l'autre cote à 8 020. Cette différence est-elle le fruit de la pure spéculation, une sorte de pari collectif sur l'avenir ? Ou cache-t-elle un mécanisme plus complexe et rationnel ? Cet article va lever le voile sur six des aspects les plus fondamentaux et souvent contre-intuitifs des contrats Futures, et révéler les rouages cachés qui les animent.
AI Finance - INVESTIRAI.FR
12/18/20255 min read
1. Le prix du Future n'est pas une prédiction, c'est un calcul mathématique nuancé.
Contrairement à une idée répandue, l'écart de prix entre un indice "cash" comme le CAC 40 et son contrat Future n'est pas le résultat d'une anticipation hasardeuse du marché ou d'une "théorie du complot". Il repose sur une base mathématique.
Cette différence s'explique principalement par une formule qui établit une valeur théorique en prenant en compte deux facteurs clés : le taux d'intérêt sans risque et les dividendes qui seront versés par les entreprises de l'indice jusqu'à la date d'échéance du contrat. La formule théorique simplifiée est la suivante :
F = S * e^((r-q)T)
Où :
F est le prix théorique du Future
S est le prix de l'indice cash (Spot)
r est le taux d'intérêt sans risque
q est le taux de dividende
T est le temps restant jusqu'à l'échéance
Cependant, et c'est là que réside la nuance d'expert, cette valeur n'est qu'un niveau théorique dit « en l'absence d'opportunité d'arbitrage ». Contrairement à l'indice qui est un pur calcul, le Future est un instrument coté sur un marché. Son prix réel observé tient donc compte d'autres facteurs, comme l'anticipation des investisseurs, les déséquilibres à court terme entre l'offre et la demande ou la perception des risques.
Le fait le plus contre-intuitif est que, par construction, plus on se rapproche de la date d'échéance, plus l'impact de ces variables diminue et plus le prix du Future converge mécaniquement vers celui de l'indice cash. Le jour de l'échéance, les deux prix deviennent identiques. Loin d'être un mystère, l'écart de prix est donc le fruit d'une logique mathématique ajustée par la dynamique normale du marché.
2. Le marché ne dort (presque) jamais.
Un fait souvent méconnu est l'amplitude horaire des contrats Futures, qui dépasse de loin celle des marchés actions traditionnels. Si l'indice CAC 40 cote en continu uniquement pendant les heures d'ouverture de la Bourse de Paris, son contrat Future, lui, a une vie bien plus longue.
Indice CAC 40 : cotation de 9h00 à 17h30.
Future CAC 40 (FCE) : cotation de 8h00 à 22h00.
Cette extension horaire est cruciale. Elle permet aux investisseurs de réagir à des annonces d'entreprises américaines, à des événements géopolitiques en Asie ou à des décisions de politique monétaire qui surviennent bien en dehors des heures de bureau parisiennes, offrant une flexibilité et une réactivité impossibles sur le marché au comptant.
3. L'effet de levier n'est pas fixe : c'est vous qui le choisissez.
L'effet de levier est l'un des aspects les plus connus mais aussi les plus mal compris des Futures. Il permet de contrôler une position de grande valeur avec un capital initialement bien plus faible, appelé le dépôt de garantie ou la marge.
L'idée la plus surprenante ici est que si le marché fixe bien un plancher — le dépôt de garantie minimal requis par la chambre de compensation — ce n'est ni lui ni le courtier qui impose un niveau de levier. C'est l'investisseur qui le détermine lui-même. Le levier effectif est une conséquence directe du ratio entre la taille de son compte et la valeur nominale du contrat qu'il négocie, une décision de gestion du risque qui lui est propre.
Par exemple, un contrat Future CAC 40 peut avoir une valeur nominale de 36 000 € (pour un indice à 3 600 points). La marge minimale requise pour ouvrir cette position pourrait n'être que de 2 000 €. Un investisseur utilisant uniquement cette marge minimale s'exposerait à un levier de 18 (36 000 / 2 000), une pratique fortement déconseillée. En revanche, un investisseur avec 10 000 € sur son compte qui prendrait la même position utiliserait un levier beaucoup plus raisonnable de 3,6.
L’effet de levier fonctionne à la hausse comme à la baisse amplifiant les gains comme les pertes.
4. Vous ne traitez jamais avec un autre investisseur, mais avec un garant invisible.
Lorsqu'on achète ou vend une action, la transaction se fait entre un acheteur et un vendeur. Sur les marchés Futures, un intermédiaire fondamental mais méconnu s'interpose : la chambre de compensation (clearing house).
Son rôle est essentiel : elle devient la contrepartie unique de toutes les transactions. Concrètement, elle se positionne comme le vendeur pour chaque acheteur et l'acheteur pour chaque vendeur. Ce mécanisme a un impact majeur : il élimine totalement le risque de contrepartie, c'est-à-dire le risque que l'autre partie du contrat ne puisse pas honorer ses engagements. La chambre de compensation garantit la bonne fin de chaque opération, assurant ainsi la stabilité et l'intégrité de l'ensemble du marché.
5. L'objectif premier des Futures n'est pas la spéculation, mais l'assurance.
Si les Futures sont aujourd'hui célèbres pour leur utilisation spéculative, leur raison d'être historique est tout autre : la couverture (hedging). Les premiers contrats à terme, portant sur des produits agricoles, ont été créés il y a plus d'un siècle pour permettre aux agriculteurs et aux industriels de se protéger contre la volatilité des prix des matières premières.
Le principe est le même pour les indices financiers. Il s'agit littéralement de souscrire une police d'assurance sur son portefeuille. Un investisseur détenant un portefeuille d'actions françaises craint une baisse des marchés. Plutôt que de tout vendre, il peut vendre des contrats Futures sur l'indice CAC 40.
Si le marché baisse comme anticipé, la perte de valeur de son portefeuille d'actions sera compensée, en totalité ou en partie, par les gains qu'il réalisera sur sa position vendeuse sur le Future. Cette stratégie lui permet de "figer" la valeur de son portefeuille et de traverser une période d'incertitude sans liquider ses actifs.
6. Le marché le plus liquide au monde a déjà été mis à genoux par un seul homme.
Les contrats Futures sur les grands indices sont parmi les instruments financiers les plus liquides au monde. Le volume quotidien sur le contrat E-mini S&P 500, par exemple, est estimé entre 100 et 200 milliards de dollars, dépassant souvent le volume combiné des 500 actions qui composent l'indice.
Pourtant, cette liquidité massive n'est pas une garantie absolue contre les turbulences. Le 6 mai 2010, lors du "Flash Crash", les marchés ont été mis à genoux par un seul trader, Navinder Sarao. Depuis son domicile londonien, il a utilisé des algorithmes pour placer des ordres de vente massifs (plus de 75 000 contrats) et les annuler quasi-instantanément. Cette technique, appelée "spoofing", a créé une pression vendeuse artificielle et a semé la panique.
L'impact a été cataclysmique : en seulement 15 minutes, les principaux indices américains ont chuté de 9 %, et plus de 1 000 milliards de dollars de valeur de marché se sont évaporés. Cet événement a démontré que même les marchés les plus profonds et les mieux réglementés ne sont pas à l'abri de manipulations et de chocs extrêmes.
--------------------------------------------------------------------------------
Conclusion : Outil puissant ou pari risqué ?
Nous avons vu que derrière la simple cotation d'un contrat Future se cachent des mécanismes sophistiqués : un prix issu d'un calcul mathématique nuancé par les forces du marché, des horaires de négociation étendus, un effet de levier entièrement contrôlé par l'investisseur, la garantie invisible mais essentielle d'une chambre de compensation, une fonction originelle de couverture et une vulnérabilité à des manipulations extrêmes.
Maintenant que ces mécanismes cachés sont révélés, percevez-vous les contrats Futures comme un instrument de gestion de risque sophistiqué ou comme un pari financier dont la complexité dépasse la plupart des investisseurs ?